-Jospin HANGI
Les événements entourant les concerts humanitaires de la star congolaise Fally Ipupa à Goma ont suscité beaucoup de mécontentement et de déception dans l’opinion publique. Censés apporter un soutien aux personnes déplacées par les conflits dans l’est de la RDC, ces concerts n’ont finalement pas tenu leurs promesses.
Tout avait pourtant bien commencé avec une large campagne de promotion menée par des journalistes, chroniqueurs culturels et influenceurs locaux. Ceux-ci ont vanté pendant des semaines les vertus de ces concerts censés récolter des fonds pour une bonne cause. Mais le résultat final a été bien loin des attentes.
Seul le concert VIP a finalement pu avoir lieu, avec des billets à 100 dollars l’unité, dans l’enceinte prestigieuse de l’hôtel Serena de Goma. Mais le très attendu concert public prévu le 16 août 2024 au village Ihusi n’a tout simplement pas eu lieu, malgré la présence de milliers de spectateurs ayant acheté leurs billets à 5 dollars.
L’organisation a invoqué des « contraintes sécuritaires » pour justifier l’annulation de ce concert. Une explication qui n’a pas convaincu le public, scandalisé par ce fiasco.
Ce qui est frappant, c’est que les mêmes chroniqueurs, journalistes et influenceurs qui avaient pourtant fait la promotion de ces concerts se sont ensuite montrés très critiques. Certains sont même allés jusqu’à partager des publications dénonçant l’artiste et les organisateurs.
On peut se demander si ces communicants n’avaient pas simplement fait leur travail de promotion de manière bénévole et passionnée, sans être réellement rémunérés par l’organisation. Car en temps de crise, un véritable professionnel de la communication aurait sans doute su mieux gérer la situation et défendre l’image de l’artiste et des organisateurs.
Finalement, ce fiasco des concerts de Fally Ipupa à Goma laisse un goût amer. Les personnes déplacées n’ont jusque-là pas bénéficié de l’aide promise, et l’image de l’artiste et des organisateurs en prend un sacré coup. Une triste histoire qui montre une nouvelle fois les défis de l’organisation d’événements humanitaires dans un contexte sécuritaire fragile.
De l’effet boomerang
L’effet boomerang se produit lorsque les actions entreprises par une partie ont l’effet inverse de ce qui était initialement prévu. Dans le cas du concert raté de Fally à Goma, on peut observer cet effet boomerang à plusieurs niveaux.
Tout d’abord, les organisateurs du concert n’auraient pas suffisamment investi dans la communication et la promotion de l’événement. En ne payant pas les communicants à leur juste valeur, ils ont probablement limité la portée et l’efficacité de leurs efforts de promotion. Cela a pu permettre l’émergence de critiques et d’attaques contre le concert, que les communicants n’ont pas été en mesure de contrer efficacement faute de moyens suffisants.
Résultat, ces mêmes chroniqueurs qui avaient auparavant fait la promotion du concert se sont finalement retournés contre lui, le dénonçant ouvertement. Comme qui dirait , « ils n’étaient pas vraiment payés pour faire leur travail », ce qui a pu influencer leur posture et leurs commentaires.
Cet effet boomerang a donc double peine
1. Les efforts de communication des organisateurs des concerts n’ont pas porté leurs fruits, faute d’un investissement adéquat.
2. Les mêmes relais qu’ils avaient mobilisés se sont finalement retournés contre eux, amplifiant les critiques et les dommages à l’image de l’événement.
Cela illustre bien comment un manque d’investissement initial dans la communication peut avoir des conséquences désastreuses par la suite, l’effet boomerang venant se retourner contre les organisateurs. Une leçon à retenir pour éviter de telles mésaventures à l’avenir.
Il est vrai que les causes de l’annulation du concert public de Fally Ipupa à Goma sont complexes. D’un côté, les organisateurs du concert auraient fait face à des défis sécuritaires majeurs qui ont rendu la tenue de l’événement difficile. D’un autre côté, il faut également reconnaître le manque de communication efficace autour de la situation.
En effet, on a remarqué un véritable vide communicationnel de la part des organisateurs. Ils n’ont pas su expliquer clairement les raisons de l’annulation, laissant ainsi le champ libre aux rumeurs et aux critiques. Cette absence d’une communication transparente a nui à l’image de Fally Ipupa et à la perception de l’événement par le public.
Par ailleurs, on a constaté une absence remarquée des communicants et des défenseurs de Fally Ipupa pour contrer les publications et les critiques à son encontre. Une véritable « armée numérique » organisée aurait pu être mobilisée pour défendre l’artiste et son concert, mais cela n’a pas été le cas.
Pour redorer l’image de Fally Ipupa à Goma, un important travail de communication sera nécessaire. L’artiste semble déjà avoir amorcé des réponses aux critiques, mais cela ne suffira pas. Les organisateurs devront mettre en place une stratégie de communication complète, transparente et proactive pour expliquer les raisons de l’annulation, rassurer les fans et réaffirmer l’engagement de Fally Ipupa envers son public. Cela permettra de surmonter ce fiasco et de recréer un lien de confiance avec les fans à Goma.