Shadow

Migration et mobilité des jeunes : débats et échanges internationaux au cœur de Goma

Ce mercredi 02 octobre, le collectif Initiative Construire Ensemble lance, par une conférence débat, une série d’activités inscrites dans le cadre de son programme « donner la voix à la jeunesse congolaise ». Pour cette année, les débats seront concentrés autour des enjeux de la migration et de la mobilité en RDC.

C’est la salle de conférence de l’université de Goma qui a été hôte des l’activité de lancement des activités de cette année. Plus de deux cents jeunes, à majorité étudiants, ont pris part à cette activité qui avait trois panélistes de taille. Il s’agit de Me Jonas Sindani, Jacinthe Maarifa ainsi que Me Felicité Mugombozi.

Les participants étant prêts, pour la plupart, le coup d’envoi est lancé par le délégué pays du collectif afin de justifier et contextualiser les échanges qui, selon lui, « s’annoncent enrichissants. »
Ainsi, place aux différents exposés, ladies first, c’est Me Félicité Mugombozi qui ouvre les rideaux avec des anecdotes introductives avant de se lancer dans le vif de sa thématique axée sur « la mobilité des travailleurs qualifiés : fuite des cerveaux ou échanges de compétences !? ».

Ainsi, Qui peut-on qualifier de travailleur qualifié !? A-t-elle questionné son public curieux. Se basant tour à tour sur les approches européenne et américaine, la cheffe de travaux situe ce concept au milieu des facteurs variant entre le niveau d’études du sujet, la nature de son travail, ainsi que le revenu qui en ressort.

Me Félicité étant elle-même sur la liste des travailleurs qualifiés évoluant à l’étranger, son intervention est consacrée sur des réalités et expériences personnelles et interpersonnelles. Pendant une demi-heure, la chercheuse en droit international public explique alors les impacts de la mobilité de travailleurs qualifiés sur l’économie, le développement et la démographie. Ensuite, celle-ci présente des différences dans la perception des concepts pouvant permettre de quitter le côté sombre de l’histoire afin de profiter des avantages que peut offrir cet afflux migratoire.

Me Félicité Mugombozi a indiqué aussi combien il serait idéal de quitter le seuil de la fuite des cerveaux vers la circulation de cerveaux à travers des coopérations gagnants-gagnants en termes de collaborations entre des nationaux ainsi que ceux de la diaspora.
« Il faudrait développer des politiques pouvant permettre de profiter des compétences des élites immigrées » déclare-t-elle attirant l’attention de son auditoire sur la possibilité de bénéficier des compétences acquises par les compatriotes dans des pays étrangers.

Après avoir décortiqué des théories applicables dans le cadre d’une étroite collaboration Nord-Sud, il est question pour le deuxième intervenant de s’atteler sur des questions relatives aux enjeux de la mobilité étudiante internationale dans le cadre de la « circulation des cerveaux » à travers des opportunités de voyages académiques.
Doctorant à l’université de Louvain, Me Jonas Sindani aborde sa partie avec une brève historique de la circulation des étudiants africains à travers des universités occidentales, un phénomène « qui ne date pas d’avant hier » insinue-t-il.

Dans son allocution, Me Jonas Sindani présente d’abord les facteurs favorisant la mobilité étudiante internationale, des avantages ainsi que des défis auxquels font face les étudiants africains évoluant à l’étranger. Ainsi, entre l’insuffisance des ressources financières, le manque d’encadrement, la précarité des matériels d’apprentissage ainsi que la baisse considérable de la qualité d’enseignement, la situation du paysage académique africain, en général, ne donne pas de choix.
« Sortir du pays pour aller étudier à l’étranger est avant tout une question de nécessité avant d’être, finalement, une question de choix » soutient-il.

Pour sa part, optant pour une méthode expérimentale, le dernier panéliste se concentre sur la question de la sécurité des frontières et les politiques migratoires nationales et internationales. Jacinthe Maarifa, puisque c’est de lui qu’il s’agit, aborda sa présentation avec des exemples révoltants commençant par présenter sa perception du concept de « migrant ».
Se basant sur la définition concevant le migrant comme étant tout citoyen qui choisit de s’expatrier à la recherche de « mieux », le politologue revient sur des statistiques prouvant que « les mouvements inter-africains des occidentaux est plus important que les migrations qui s’effectuent en dehors de l’Afrique. » Ainsi, pour lui, « il ne faut pas exclure de la liste des migrants, les occidentaux résidents en Afrique. »

Après avoir exhibé l’essentiel de son exposé, Jacinthe Maarifa conclut son allocution sur la nécessité de capitaliser les fonds alloués aux bourses d’études pour inviter des enseignants qualifiés dans des universités nationales afin d’accroître la qualité de la formation locale.

La conférence se poursuit par une session d’échanges proprement dits où, tout à tour, les participants prennent la parole pour poser des questions et faire des contributions aux interventions qu’ils ont trouvées « très pertinentes ». Des échanges étant établis entre les parties prenantes, tout se conclut sur une performance artistique, deux jeunes slameurs du collectif Goma Slam Session emportent l’auditoire dans un univers purement panafricain.

Pour plusieurs analystes sociopolitiques panafricains, la migration de travailleurs qualifiés des pays du Sud vers ceux dits « développés » constitue un des principaux facteurs favorisant le sous développement. Au côté de la situation sécuritaire, politique et socio-économique dans plusieurs pays africains, il convient également d’assainir les relations académiques et professionnelles entre les deux hémisphères.

Joseph Katusele

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *