La ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, a été le théâtre d’une cérémonie d’une profonde intensité émotionnelle ce lundi 2 septembre 2024. Les funérailles des 200 déplacés victimes des conflits armés au Nord-Kivu se sont tenues au stade de l’Unité, avant leur enterrement au cimetière de Genocost. Une foule nombreuse s’est rassemblée pour rendre hommage à ces vies tragiquement interrompues.
Au cœur de cette tragédie, des familles endeuillées ont été appelées à prendre la parole. Mais la douleur était si grande qu’au moment de témoigner, 4 personnes ont perdu connaissance, s’effondrant devant les cercueils de leurs proches. Les cris de désespoir et les larmes étaient omniprésents, témoignant d’une souffrance insoutenable.
Avant de s’évanouir, ces familles ont formulé des messages puissants, empreints d’une émotion palpable. Avec des voix tremblantes, elles ont imploré le président Félix Tshisekedi et la communauté internationale de prendre des mesures concrètes pour restaurer la paix dans la région. « Nous voulons regagner nos villages et ne plus compter chaque jour des victimes parmi nos proches », ont-elles déclaré en chœur, faisant écho à une douleur collective.
Les témoignages ont rapidement révélé des conditions de vie catastrophiques dans les camps de déplacés autour de Goma. Les familles des victimes ont dénoncé des situations de vie qui dépassent la précarité. « Nous vivons dans des conditions inhumaines, exposés aux maladies, à la famine et à des violences sexuelles », a affirmé l’un des porte-parole, ajoutant que ces facteurs étaient à l’origine de nombreux décès.
La famine, en particulier, a été mise en avant comme un fléau dévastateur. Les témoignages évoquent des enfants affamés et des familles réduites à la survie, cherchant désespérément des ressources dans un environnement hostile.
» si nous avons un sauveur, c’est le moment pour qu’il nous délivre de cette calamité. » Ces mots, prononcés avec une intensité déchirante par un proche d’une des victimes, résonnent comme un écho de désespoir. Alors qu’il s’exprimait devant une foule en larmes, cet homme a vu son corps faiblir, s’évanouissant sous le poids de l’émotion. Sa voix, chargée de douleur, transmet l’angoisse d’une communauté qui se sent abandonnée.
Les conditions dans lesquelles vivent les déplacés sont devenues insoutenables. « Nous sommes tués même dans les camps de déplacés », a-t-il ajouté, soulignant l’horreur de la violence qui persiste même là où l’on s’attendait à trouver refuge. Ces mots illustrent la peur et la souffrance qui ne connaissent pas de répit. Les familles, déjà éprouvées par la perte de leurs proches, sont confrontées à une nouvelle menace, celle de la violence dans des lieux censés être sûrs.
Un autre proche, visiblement accablé, a pris la parole avec un ton de défi. « Nous avons réellement voté des autorités dans ce pays ? Monsieur le président Félix Tshisekedi, pourquoi devons-nous continuer à mourir comme des bêtes ? Jusqu’à quand allons-nous continuer à compter des morts parmi les pauvres déplacés ? Nous sommes fatigués de tout ça. » Ces questions, lancées avec une frustration palpable, révèlent un profond sentiment d’abandon et d’impuissance.
L’interrogation sur la responsabilité des autorités évoque un malaise collectif. Les déplacés se sentent trahis par un système qui ne répond pas à leurs besoins fondamentaux, alors qu’ils ont exercé leur droit de vote dans l’espoir d’un changement. Cette déception se transforme en colère, une colère qui s’exprime dans chaque mot, chaque geste.
Suite à la scène déchirante survenue lors des funérailles, les personnes qui se sont évanouies ont rapidement été prises en charge. Des agents de santé présents sur place ont immédiatement dépêché une ambulance, transportant les blessés vers les structures de santé les plus proches pour des soins urgents.
Les témoignages des proches des victimes se mêlent aux pleurs des familles, créant une atmosphère lourde de chagrin. Chacun d’eux porte le poids d’une souffrance personnelle, mais ils expriment également une douleur collective. Les mots prononcés à ce moment tragique sont des cris de ralliement, une demande pressante pour que le monde entende leur appel à la dignité et à la justice.
Ces proches sont fatigués non seulement de pleurer leurs morts, mais aussi de vivre dans une précarité insupportable, en attendant un changement qui semble toujours hors de portée.
Les déplacés de Goma ne demandent pas seulement de l’aide, ils exigent une action concrète. Ils aspirent à une réponse rapide et efficace de la part des autorités, afin que les atrocités qu’ils subissent prennent fin. Leur appel à la paix et à la sécurité résonne comme un cri de désespoir mais aussi comme une lueur d’espoir pour un avenir meilleur.
Alors que les cercueils étaient portés vers le cimetière de Genocost, une atmosphère de désespoir flottait dans l’air.
Les funérailles des déplacés victimes de la guerre du M23, soutenu par le Rwanda, ont rassemblé une large représentation du gouvernement congolais. Chantal Chambu, ministre des Droits humains, a conduit la délégation officielle, accompagnée par ses collègues des affaires sociales et de la Jeunesse.
La cérémonie s’est déroulée sous le regard attentif du gouverneur militaire du Nord-Kivu, qui a souligné la nécessité de la paix dans la région. La présence de tous les membres du conseil provincial de sécurité montre une volonté collective de faire face aux défis sécuritaires persistants et d’honorer la mémoire des disparus.
Les députés nationaux Patrick Munyomo et Éric Bwanapuwa ont également assisté aux cérémonies, apportant leur soutien aux familles endeuillées et réaffirmant leur engagement à défendre les droits des déplacés.
La ville de Goma, déjà marquée par les cicatrices du conflit, a été profondément bouleversée par ces funérailles. Les témoignages de familles, d’amis et de proches des victimes ont inondé la cérémonie, mettant en lumière la douleur et la perte ressenties par la communauté. Des chants de deuil et des prières ont résonné, créant une atmosphère lourde de tristesse et de solidarité.
Les discours prononcés au cours de la cérémonie ont appelé à une prise de conscience accrue des droits des déplacés et à des actions concrètes pour assurer leur protection.
Jospin HANGI