Le 24 août, le premier lot du quatrième contingent de la Force de réaction rapide du Kenya a été déployé dans la province du Nord-Kivu, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Cette troupe qui fait partie de la mission de maintien de la paix de l’ONU en RDC a immédiatement suscité des débats enflammés au sein de l’opinion publique, ravivant des souvenirs des précédents déploiements kényans.
Ce nouveau contingent arrive dans un contexte déjà tendu. En effet, les troupes kényanes de l’EAC (Communauté de l’Afrique de l’Est) avait été renvoyées de la RDC, en décembre 2023, après avoir été jugées inefficaces lors de l’opération offensive contre le M23, à la fin leur mandat.
Cette expérience malheureuse a laissé des doutes quant aux capacités des forces kényanes à stabiliser une région marquée par des conflits armés et des tensions entre la RDC et le Rwanda.
Clarification du Ministère des Affaires Étrangères
Face à la controverse, le ministère des Affaires étrangères congolais a tenu à clarifier la situation dans une dépêche datée de ce 29 août 2024. Il a rassuré l’opinion publique que ce déploiement s’inscrit dans le cadre de la brigade d’intervention de la MONUSCO, conformément à une demande formulée par la RDC en 2019. Cette initiative vise à renforcer la sécurité dans une zone où la violence reste omniprésente.
« Dans le cadre du renforcement de la Brigade d’intervention de la MONUSCO (FIB), la République Démocratique du Congo avait officiellement formulé, en 2019, une demande de contribution en troupes auprès de ses partenaires internationaux. Le Kenya et le Népal avaient répondu favorablement à cet appel. Cette initiative visait à renforcer les capacités opérationnelles de la FIB afin de répondre plus efficacement aux défis sécuritaires persistants dans certaines régions du pays. Le déploiement progressif des troupes kényanes, entamé en 2020, prévoyait des rotations régulières de leurs effectifs à l’issue de chaque période de déploiement. La QRF4 représente ainsi une rotation normale, venant remplacer les troupes ayant terminé leur mission annuelle en tant que contingents au sein de la MONUSCO. De son côté, la QRF3 fait partie des forces spéciales déployées à Beni depuis 2021, aux côtés des contingents de l’Afrique du Sud, du Malawi et du Népal.»
Le gouvernement congolais a également affirmé qu’il se réservait le droit de revoir les contingents qui composent les forces onusiennes. Cette déclaration souligne la volonté de Kinshasa de prendre le contrôle de ses propres affaires sécuritaires et de s’assurer que les forces déployées soient à même de répondre aux défis spécifiques du terrain.
« Il convient de rappeler que la République Démocratique du Congo, comme tout pays accueillant des forces onusiennes sur son territoire, se réserve le droit de revoir la composition des contingents qui les constituent», conclut la dépêche.
Au Nord-Kivu, les acteurs de la société civile et activistes des mouvements citoyens craignent que l’histoire ne se répète et que les résultats ne soient pas à la hauteur des attentes. Les inquiétudes portent également sur la confiance envers les forces internationales, qui ont déjà été critiquées pour leur gestion des crises dans la région.
Alors que la RDC lutte pour rétablir la paix et la sécurité, l’efficacité de cette nouvelle mission sera scrutée de près.
Jospin HANGI