Les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) accusent, ce lundi 26 août 2024, le mouvement rebelle M23, soutenu par le Rwanda voisin, de multiplier les communications dans les réseaux sociaux dans le but de couvrir ses propres violations du cessez-le-feu en cours dans la province du Nord-Kivu.
Dans un communiqué signé par le porte-parole des FARDC dans la région, le lieutenant-colonel Guillaume Njike Kaiko, l’armée congolaise dénonce les « manipulations de l’opinion publique » par la coalition M23-RDF.
En effet, le mouvement rebelle M23 a affirmé qu’un avion des forces armées congolaises (FARDC) a violé son espace aérien dimanche 25 août 2024. L’alliance fleuve Congo, AFC-M23, qualifie cet “incident” de « violation flagrante du cessez-le-feu » et de « provocation inadmissible », tout en appelant la communauté nationale et internationale à en prendre acte.
Cependant, les FARDC ont catégoriquement rejeté ces accusations, affirmant qu’aucun de leurs aéronefs n’a pu voler ces deux derniers jours en raison de problèmes météorologiques. Elles considèrent ces allégations comme une « tentative d’aveugler l’opinion » sur les véritables violations du cessez-le-feu par le M23.
Le porte-parole de l’armée a déclaré que les accusations du M23 sont une tentative délibérée de détourner l’attention des véritables actes d’agression perpétrés par le groupe armé.
» Dans leur communiqué officiel signé ce 25 août, ils parlent d’un aéronef des FARDC, qui aurait survolé les zones de Lubero et Rutshuru. En effet, il s’agit d’une tentative d’aveugler l’opinion, car c’est depuis 48 heures qu’à cause des problèmes de météo, aucun aéronef des FARDC ou des partenaires n’a pu prendre les airs au Nord-Kivu», a indiqué le communiqué.
L’armée congolaise affirme que ces allégations du M23 visent à « détourner l’attention de l’opinion des violations flagrantes du cessez-le-feu » commises par le mouvement rebelle.
L’armée régalienne a, en effet, indiqué que le M23 a mené une attaque contre l’une de ses positions dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, avant même de publier son communiqué faisant état de violations de la part des forces armées congolaises.
À cet effet, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont annoncé qu’elles comptent saisir le mécanisme régional de vérification dans la région des Grands Lacs afin de tirer la situation au clair.
» Dans ce même cadre, pour justifier les attaques qu’ils ont lancé ce dimanche sur nos positions à Kikubo dans le territoire de Lubero, ces derniers ont signé en date du 24 août et mis sur la place publique un communiqué évoquant un déploiement des troupes des FARDC aux alentours des zones sous leurs contrôles. Il s’agit là encore, d’une manipulation de l’opinion. Au regard de ce qui précède, les FARDC rappellent qu’elles considèrent ce comportement belliciste comme une énième violation du cessez-le-feu voulu par le processus de Luanda. Pour ce faire, elles comptent saisir le mécanisme conjoint de vérification élargi et le mécanisme ad-hoc de vérification, afin de mettre en lumière ces actes et d’en tirer toutes les conséquences y relatives», conclut le communiqué des FARDC.
Le 17 juillet dernier, les États-Unis ont prolongé de 15 jours la trêve humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo. Cette opportunité pour la paix est intervenue alors que les combats entre les FARDC appuyées par les groupes armés locaux et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda se poursuivent sur le terrain, entravant l’accès des organisations humanitaires aux populations déplacées dans le besoin.
Pendant ce temps, les FARDC accusent le M23 de poursuivre ses “activités belliqueuses, malgré les engagements pris”.
Cette nouvelle flambée de tensions intervient alors que des efforts diplomatiques sont en cours pour tenter de relancer le processus de paix dans l’est de la RDC, région minée par des décennies de conflits armés.
La RDC et le Rwanda se réuniront à nouveau les 9 et 10 septembre à Luanda sous la médiation de l’Angola pour négocier un accord de paix sur le conflit à l’est de la RDC. Une réunion d’experts se tiendra également du 29 au 30 août à Luanda pour aborder des aspects spécifiques de l’accord proposé par le Président angolais. La troisième réunion ministérielle, qui s’est déroulée le 22 août à Luanda, a réaffirmé l’engagement des deux pays à trouver une solution durable au conflit. Cette réunion a été organisée dans le cadre des accords de cessez-le-feu en vigueur depuis le 4 août entre la RDC et le Rwanda.
Jospin HANGI, globalinfordc/Goma