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Nord-Kivu : Filtrage des Wazalendo, une lutte décisive pour préserver leur image de « résistants contre l’agression rwandaise »

-Jospin HANGI

Suite à une recrudescence des actes de violence et de vandalisme perpétrés sur des civils à Goma et ses environs, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu a décidé de prendre des mesures fermes. Dans un communiqué du 12 août 2024, le porte-parole de l’autorité provinciale a constaté que ces actes étaient entre autres le fait des “ Faux Wazalendo », c’est-à-dire des individus armés se faisant passer pour des volontaires pour la défense de la patrie (les Wazalendo) afin de commettre leurs méfaits.

Photo d’illustration

Face à cette situation, le gouverneur a ordonné aux vrais Wazalendo de rejoindre les rangs des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) sur les lignes de front, afin de les distinguer des imposteurs. Ces derniers seront désormais activement pourchassés et pourront être traduits en justice.

Cette décision intervient dans un contexte de montée de la criminalité urbaine à Goma et ses périphéries, avec une multiplication des actes de violence et de vandalisme touchant la population civile. Le gouverneur entend ainsi rétablir l’ordre et la sécurité dans la ville, en s’attaquant aux individus profitant du prestige des Wazalendo pour commettre leurs forfaits.

Le général-major Peter Chirimwami a tenu, cependant, à rassurer la population au sujet de la gestion des Wazalendo, une dynamique armée des jeunes résistants, qui poserait actuellement des problèmes de sécurité publique dans la région. Selon lui, seuls les vrais volontaires pour la défense de la patrie, c’est-à-dire ceux qui respectent les droits de l’homme, seront pris en charge par les autorités.

Pendant ce temps, la situation est préoccupante, avec des actes de tueries, violence et de pillage attribués aux Wazalendo dans certains quartiers de la ville.

La population de Goma attend du gouverneur des mesures de suivi  pour encadrer les Wazalendo et s’assurer que seuls les éléments les plus disciplinés et respectueux des droits humains puissent bénéficier d’un soutien des pouvoirs publics.

Le défi sera de faire la part entre les véritables volontaires patriotes et les éléments perturbateurs au sein des Wazalendo. Les autorités sont appelées à mettre en place désormais une approche ferme mais juste, visant à renforcer la sécurité tout en protégeant les droits de la population civile.

 La situation reste néanmoins fragile et nécessite une vigilance accrue des forces de l’ordre pour rétablir durablement la paix et la stabilité dans la ville de Goma face à la montée du banditisme urbain. 

L’objectif serait de faire un tri rigoureux au sein des Wazalendo afin de distinguer les vrais combattants patriotes des éléments les plus indisciplinés et récalcitrants. 

Malgré les assurances du gouverneur militaire sur la prise en charge des Wazalendo respectueux des droits de l’homme, le problème semble persister dans la ville de Goma.

 En effet, le 12 avril dernier, le gouverneur avait pourtant pris une mesure ferme en interdisant à tous les Wazalendo, censés être aux côtés des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) dans les affrontements contre le M23, de circuler avec des armes dans la ville.

Cette décision faisait suite à des alertes répétées de la société civile sur des actes de violences, notamment dans des camps de déplacés, ainsi que des vols et du banditisme attribués à certains éléments des Wazalendo dans le chef-lieu du Nord-Kivu. 

Malgré cette interdiction, les dérapages et exactions attribués à des membres de ces groupes des résistants armés se sont malheureusement poursuivis.

En juin, le maire de la ville de Goma a même présenté un groupe de présumés criminels arrêtés, parmi lesquels figuraient des « faux Wazalendo ». Cela démontre que le problème de l’infiltration d’éléments incontrôlés au sein de cette force de résistance reste entier, malgré les efforts des autorités pour les en écarter.

Cette situation révèle la difficulté à assurer un contrôle effectif sur les Wazalendo et à les tenir à l’écart des activités illégales. 

Bien que censés combattre aux côtés des forces régulières, certains d’entre eux semblent récidiver dans des actes de violence et de criminalité, sapant ainsi la confiance de la population envers la grande dynamique populaire « Wazalendo ».  

Les Wazalendo sont des  jeunes congolais âgés majoritairement entre 18 et 25 ans, ayant décidé de prendre les armes pour défendre leur pays de l’agression du Rwanda.

Considérés comme des résistants volontaires pour la défense de la patrie, ces jeunes ont joué un rôle important aux côtés de l’armée congolaise (FARDC) dans la lutte contre les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise.

Entre mars et juillet 2023, les Wazalendo avaient réussi à repousser les forces du M23 loin de la cité de Sake, jusqu’à prendre le contrôle stratégique de la cité de Kinshanga. 

Leur participation active aux combats a permis de repousser l’avancée des rebelles dans le but de protéger l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo.

Cependant, la situation semble s’être ensuite complexifiée dans la région. Certains Wazalendo, restés dans la cité de Sake, sont aujourd’hui accusés par des usagers de commettre des tracasseries et des actes illégaux sur les axes routiers Goma-Masisi et Goma-Kitshanga. Ces éléments seraient notamment impliqués dans des perceptions illégales et démesurées des taxes sur des chargements qui approvisionnent la ville de Goma en produits de première nécessité. Une pratique qui favorise la hausse de prix des denrées sur le marché local. 

Cette dérive inquiétante remet en cause l’image positive initialement associée aux Wazalendo, qui étaient perçus comme de véritables patriotes défendant leur nation. La persistance de ces comportements illégaux, malgré leur rôle de soutien aux FARDC, soulève des interrogations sur le contrôle et l’encadrement de ces jeunes combattants volontaires.

Les autorités seront confrontées au défi de maintenir la dynamique positive de la lutte contre le M23, tout en s’attaquant fermement aux dérives constatées au sein des Wazalendo. Un travail de filtrage, de formation et d’encadrement de ces jeunes résistants semble nécessaire pour s’assurer de leur comportement exemplaire et de leur respect des lois et des droits humains.

Face aux dérives constatées au sein de certains groupes de Wazalendo, le commandement du Front Nord des FARDC avait ordonné, le 6 juin 2024, à tous ces combattants volontaires de s’identifier auprès des unités militaires les plus proches dans la région de Beni-Lubero. Cette mesure visait à distinguer les véritables patriotes des éléments qui seraient « en train de jouer le jeu de l’ennemi », c’est-à-dire du M23 soutenu par le Rwanda. C’était avant la chute de la cité stratégique de Kanyabayonga. 

Ce genre d’initiative souligne l’urgence de mener un travail d’identification et d’encadrement pour préserver l’image positive des Wazalendo, véritables résistants contre l’agression du Rwanda, et éviter toute dérive susceptible de compromettre leur rôle dans la défense de la patrie.

En dehors des brebis égarées autour de la ville de Goma et à Sake, les véritables résistants Wazalendo n’ont pas cédé toutes leurs positions et continuent à faire bloc contre l’avancée du M23, notamment à partir du village de Kisuma dans le territoire de Masisi. Leur détermination à défendre le Nord-Kivu contre l’agression rwandaise reste intacte. 

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