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Nord-Kivu : Le M23 marche sur la trêve humanitaire dans un bain de sang, la RDC durcit le ton contre le Rwanda

-Jospin HANGI

Malgré les efforts pour instaurer une période d’accalmie, le M23 poursuit ses attaques meurtrières dans la cité de Bweremana, au Nord-Kivu dans l’est de la RDC. En seulement deux jours, le groupe armé soutenu par le Rwanda a tué 7 personnes, dont un militaire, des enfants et en a blessé une dizaine. 

Loin de respecter la trêve humanitaire décrétée depuis le 4 juillet 2024 par les États-Unis, le M23 semble au contraire redoubler de violence. Après avoir bombardé la cité de Bweremana, faisant 4 morts et 6 blessés parmi les civils, le groupe a lancé une nouvelle attaque à la bombe depuis une colline surplombant la cité, tuant 3 autres personnes.  

Cette escalade des violences intervient alors que le M23 tente de s’emparer de l’axe stratégique de Bweremana, qui pourrait couper Goma, la capitale du Nord-Kivu, du trafic routier avec le Sud-Kivu, la rendant encore plus vulnérable. Des combats sont également signalés entre les forces de résistance (Wazalendo) et les terroristes du M23 dans les hauteurs de Mushirwa et Kabase.

Loin de privilégier l’accalmie, le M23 semble avoir appuyé sur l’accélérateur, sabotant les efforts de la communauté internationale pour instaurer une trêve humanitaire et mettant en péril la sécurité des populations civiles de la région.

24 heures seulement après avoir bombardé la cité de Bweremana, faisant 4 morts parmi les civils au quartier Nyamoma, les combattants du M23 soutenus par le Rwanda ont récidivé. Ce mardi 16 juillet, les sources locales rapportent que le groupe a tué 3 autres personnes et en a blessé au moins 8 autres toujours au quartier Nyamoma par une nouvelle attaque à la bombe depuis une colline surplombant la cité, à plus de 5 kilomètres.

Le M23 semble  profiter de la trêve humanitaire pour renforcer ses positions et avancer sur la colline de Mumba, dans le territoire de Masisi. 

Cette situation risque de dégrader davantage la crise humanitaire dans la région, alors que les populations commencent à craindre pour leur sécurité et sont de nouveau contraintes de se déplacer. 

Malgré les efforts de la communauté internationale pour instaurer une trêve humanitaire, le M23 se montre déterminé à poursuivre son offensive meurtrière, mettant en péril la sécurité et le bien-être des populations civiles de la région.

Dénonçant la « barbarie des forces armées rwandaises”, Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais, est monté au créneau lundi 15 juillet lors d’une interview sur la chaîne francophone TV5. 

Il a fermement condamné les récentes attaques menées par “l’armée rwandaise” dans la région de Bweremana, dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu. Selon Muyaya, ces frappes ont fait 4 morts parmi les enfants et en ont blessé six autres gravement.

Après la publication du rapport accablant du groupe d’experts de l’ONU, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a affirmé qu’il ne fallait plus parler du M23 mais directement du Rwanda. Selon lui, le rapport a clairement établi le soutien du Rwanda à ce groupe rebelle, qui a pourtant été qualifié de « terroriste » par les autorités congolaises.

La RDC attend désormais des « clarifications » de la part de l’Ouganda sur son implication présumée dans le soutien au M23, toujours selon le porte-parole gouvernemental. Le pays voisin est également mis en cause dans le rapport onusien pour son rôle trouble dans ce conflit.

Visiblement, les fronts militaires vont connaître de nouveaux développements après l’expiration de la trêve humanitaire décrétée le 4 juillet 2024. Le gouvernement congolais semble décidé à passer à l’action, au vu de l’aggravation de la situation sécuritaire malgré les efforts de médiation.

Sur le plan diplomatique, la RDC reste figée sur sa position de refus de tout dialogue direct avec le M23. Elle exige désormais que les négociations se fassent uniquement avec le Rwanda, qu’elle tient pour responsable du soutien apporté aux rebelles. Un durcissement de la position congolaise qui pourrait compliquer davantage les efforts de résolution pacifique du conflit, étant donné que le M23 veut des discussions directes avec Kinshasa. 

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