Shadow

RDC: Femmes ministres du gouvernement Suminwa, une victoire pour l’égalité face au défi des résultats  

-Jospin HANGI 

Invitée spéciale de l’émission Canal débat de la radio Canal UNIGOM (Université de Goma) ce samedi 15 juin 2024, Odette Kabetsi a salué la représentation historique des femmes au sein du gouvernement Suminwa. Avec 31% de postes ministériels attribués, 17 femmes contre 37 hommes, c’est un véritable progrès pour la parité dans la politique congolaise. 

Judith Suminwa, première ministre de la RDC et Odette Kabetsi, femme politique

Parmi ces femmes ministres figure même la toute première Première ministre de l’histoire, Judith Suminwa. Une nomination symbolique qui ouvre de nouvelles perspectives pour l’émancipation féminine en RDC.

Cependant, Odette Kabetsi n’a pas manqué de lancer un appel à ces femmes ministres. Elles doivent désormais faire preuve de leur compétence et de leur assiduité pour l’honneur de toutes les Congolaises. Trop souvent, l’image de la femme congolaise a été ternie par les violences de genre. C’est l’occasion pour ces nouvelles ministres de renverser la tendance et d’incarner l’excellence féminine.

Le chemin de l’égalité homme-femme en politique n’est pas encore totalement parcouru. Mais cette avancée majeure du gouvernement Suminwa ouvre la voie à de nouvelles possibilités pour les femmes dirigeantes en RDC.

“ C’est une grande satisfaction pour moi de compter 17 femmes plus la première ministre dans le nouveau gouvernement. Notre fierté ne se limite pas à la promotion du genre mais des compétences et de l’engagement pour l’intérêt de la nation qui seront au centre de toutes les actions de ces braves femmes qui ont mérité la confiance du président Félix Tshisekedi. Nous sommes honorées de voir aujourd’hui on ne parle pas uniquement de la femme congolaise comme victime des violences sexuelles notamment dans les camps de déplacés au Nord-Kivu mais comme actrices des solutions à ce sérieux problème auxquels les hommes n’ont pas apporté des solutions”, a énoncé Odette Kabetsi dans ses interventions face au journaliste Jospin HANGI. 

Représentativité équitable 

Bien que des progrès aient été accomplis pour accroître la représentation des femmes dans la vie politique en République Démocratique du Congo (RDC), Odette Kabetsi, experte en genre, souligne qu’il reste encore un long chemin à parcourir pour atteindre l’objectif de parité de 50% fixé par la loi.

« L’article 4, alinéa 2 de la loi sur la parité en RDC encourage une représentativité équitable entre hommes et femmes, mais nous n’y sommes pas encore », déclare Mme Kabetsi. Selon elle, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour combler cet écart et permettre aux femmes congolaises de s’impliquer davantage dans les processus décisionnels.

Cependant, Mme Kabetsi se dit confiante que la nomination récente de Judith Suminwa et d’autres femmes à des postes ministériels pourra contribuer à changer les perceptions négatives persistantes sur les capacités politiques des femmes en RDC. 

« La qualité du travail fourni par ces femmes ministres va certainement démontrer toute leur valeur et leur expertise.Pour arriver à 50, on commence par 10. Nous sommes déjà bien parties pour mettre fin aux inégalités hommes-femmes dans le paysage politique en RDC ». 

Des nominations aux actions attendues

Selon l’actrice politique Odette Kabetsi, la simple nomination de femmes à des postes gouvernementaux ne suffit pas. Elle souligne qu’il faut aller au-delà de cette représentation symbolique et se concentrer sur les actions concrètes et durables que ces femmes peuvent entreprendre pour résoudre les problèmes auxquels sont confrontées les Congolaises.

Madame Kabetsi estime qu’il est crucial que les femmes occupant des postes décisionnels utilisent leur influence et leur pouvoir pour mettre en place de véritables solutions aux défis spécifiques auxquels les femmes font face dans le pays. Cela pourrait inclure des politiques et programmes visant à améliorer l’accès des femmes à l’éducation, aux soins de santé, à l’emploi et à la participation politique, entre autres.

Elle souligne que les simples nominations féminines au gouvernement, bien que positives, ne sont qu’un premier pas. Le véritable enjeu est de s’assurer que ces femmes leaders agissent de manière efficace et déterminée pour apporter des changements durables et bénéfiques à la condition féminine congolaise dans son ensemble.

“ À part la première ministre Judith Suminwa nous avons Chantal Shambu Mwavita, nommée ministre des Droits Humains. On ne peut pas parler des droits humains en RDC sans évoquer les droits de ces femmes du Nord-Kivu victimes des violences sexuelles, de ces jeunes filles violées par des terroristes. C’est donc une lourde charge et un grand défi que nous avons à relever. Nous avons entre autres femmes ministres Safi Sombo Ayane, nommée ministre de l’enseignement supérieur et universitaire ou Thérèse Kayikwamba Wagner nommée ministre d’État, ministre des Affaires étrangères. Ces braves femmes doivent relever le niveau de notre diplomatie d’une part face à cette crise sécuritaire qui nécessite des solutions diplomatiques efficaces et d’autre part faire de l’éducation nationale le socle d’une nouvelle élite qui va participer à la vie sociopolitique de demain en RDC”, soutient Odette Kabetsi. 

La femme du Nord-Kivu dans le gouvernement Suminwa

Dans le précédent gouvernement, le Nord-Kivu était représenté par 5 ministres, dont une femme. Cependant, dans le nouveau gouvernement Suminwa, il n’y a plus aucune femme originaire du Nord-Kivu parmi les ministres.

Selon Odette Kabetsi, cette absence totale de représentation féminine du Nord-Kivu au sein du gouvernement actuel devrait être un sujet de préoccupation et d’interpellation pour les femmes de cette région. Elle estime que celles-ci doivent redoubler d’efforts pour que leur engagement politique et leurs revendications soient portés au plus haut niveau des institutions décisionnelles.

Malgré tout, Odette Kabetsi exprime un certain espoir. Elle pense que les ministres masculins représentant le Nord-Kivu dans ce gouvernement Suminwa sauront porter haut la voix des femmes de leur région, qui souffrent particulièrement des conséquences de la guerre qui sévit dans l’est du pays. Elle espère que ces ministres seront sensibles aux violations des droits dont sont victimes les femmes du Nord-Kivu, et qu’ils œuvreront pour trouver des solutions à leurs problèmes spécifiques.

“ Nous félicitons tous les ministres ressortissants du Nord-Kivu qui ont mérité leur promotion. Nous sommes heureuses de compter parmi les vice-Premiers ministres un digne fils du Nord-Kivu. Le vice-premier ministre de l’intérieur et de la sécurité, Jacquemain Shabani Lukoo maîtrise très bien la crise sécuritaire du Nord-Kivu. Il va apporter sa pierre à l’édifice et notre région sera pacifiée. Tous les autres, chacun dans son secteur, vont travailler pour l’intérêt de la population congolaise mais aussi du Nord-Kivu” déclare-t-elle. 

Les perspectives d’avenir

Interrogée sur le fait que tous les sièges de députés, tant au niveau national que provincial, ont été remportés par des hommes dans la ville de Goma où elle était elle-même candidate à la députation nationale, Odette Kabetsi exprime son analyse.

Elle affirme qu’il y a eu à la fois une part d’injustice et un manque de préparation adéquate de la part des candidates féminines dans cette élection.

D’un côté, Madame Kabetsi déplore ce qu’elle considère comme une injustice manifeste envers les femmes candidates. Elle estime que les conditions de la compétition électorale n’ont pas été équitables et que les candidates ont été désavantagées par rapport à leurs homologues masculins.

Mais d’un autre côté, elle reconnaît également que les femmes candidates n’étaient peut-être pas suffisamment préparées et outillées pour faire face à cette rude compétition. Cela aurait pu les handicaper face à des adversaires masculins mieux organisés et plus expérimentés.

Malgré ce constat mitigé, Odette Kabetsi reste optimiste quant aux perspectives d’avenir pour les femmes en politique. Elle pense que ces échecs ponctuels ne doivent pas les décourager, mais au contraire les pousser à se renforcer, à se former davantage et à s’organiser plus efficacement pour les prochaines échéances électorales.

“ Moi, personnellement j’ai gagné les élections, mais je n’ai pas été proclamée députée élue. Il y a des hommes égoïstes qui voulaient prendre tous les sièges.Je salue le courage et la détermination de toutes les femmes candidates qui ont bien travaillé même si le résultat a été décevant. D’autres femmes ont été reléguées aux élections municipales alors qu’elles étaient ambitieuses pour les législatives nationales et provinciales. Tout cela parce qu’il y a des hommes qui voulaient tout prendre. La page est déjà tournée, nous avons mis le cap sur les prochaines élections. Nous pensons qu’il est temps de travailler conséquemment pour préparer les prochaines élections. Je sensibilise déjà plusieurs femmes à se préparer et à s’engager parce que l’avenir de ce pays est également entre nos mains. Nous ne voulons plus que des femmes soient utilisées à la dernière minute pour compléter les listes des regroupements politiques alors qu’elles ne sont prises qu’au second degré. Aujourd’hui le président Félix Tshisekedi a prouvé à l’opinion publique que les femmes sont capables et peuvent gérer les institutions du pays. C’est un signal fort qu’il a lancé à tous ces hommes qui bloquent l’avancement des femmes dans l’administration en dépit de leurs compétences distinguées », a-t-elle avancé.

Après l’investiture de son gouvernement par l’Assemblée nationale et la remise et reprise avec son prédécesseur Sama Lukonde, la Première ministre Judith Suminwa a participé ce vendredi 14 juin 2024 au premier conseil des ministres de son nouveau gouvernement.

À cette occasion, Madame Suminwa s’est engagée à relever sans faille les défis majeurs auxquels fait face le pays, en plaçant l’accent tout particulièrement sur la question de l’insécurité qui sévit dans l’est de la République démocratique du Congo.

La Première ministre a également fait part de sa détermination à veiller étroitement sur le rendement et l’efficacité de chacun de ses ministres. Elle entend s’assurer que son équipe gouvernementale soit pleinement mobilisée et opérationnelle pour répondre aux attentes et aux besoins de la population.

Avec cette volonté affichée de s’attaquer résolument aux problèmes prioritaires et de piloter un gouvernement performant, la Première ministre Judith Suminwa a donné le ton pour les années à venir de son mandat à la tête de l’exécutif national.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *