La situation de déplacés de conflit armé dans l’Est de la RDC laisse à désirer. Les femmes dans le camp de déplacés ne vivent pas leur période menstruelle en toute dignité. Elles vivent dans des salles communes avec les hommes et les enfants dans un environnement sans eau propre. Les risques de maladies sont élevés.
Dans cette église de Munigi en territoire de Nyiragongo une chorale fait la répétition dans un petit espace. Le reste du lieu est occupé par des déplacés. Cet espace commun est partagé par plusieurs familles de déplacés dont celle de Mwamini Alice. Elle a fui la récente guerre de Kibumba entre les FARDC et le mouvement rebelle du M23. Le jour où elle est arrivée sur ce site, elle a eu ses règles, dans un contexte d’impréparation, sans accès aux protections hygiéniques surtout qu’elle est partie sous les balles. Mère de 4 enfants, Alice a pris son bain avec l’eau qui a lessivé les habits de l’enfant de la voisine de ce site de déplacés.
« Je n’étais pas prête à faire face à cette situation dans la guerre. Quand c’est arrivé j’ai utilisé le déchet de pagne de mon bébé. Et je n’avais pas ou le laver par après. Même pour faire la queue au robinet c’était compliqué pour moi. J’avais honte d’y aller avec les odeurs. J’étais obligée de m’isoler. Je me sentais mal. J’avais envie de mourir ce jour-là. Vivre ça devant les hommes et les enfants donc j’étais mal alaise. Comme quand tu es assise, tu ne sais pas comment te lever, et s’il faut se lever tu te contrôle en te demandant si personne ne te voit,» raconte Alice, toute contrariée.
Dans cette situation de crise, l’eau, les serviettes et les installations hygiéniques adaptées restent un défi pour plusieurs femmes. Bernadette Kubuya envisage de rentrer chez elle et faire face à l’insécurité récurrente. Elle a marché 3 KM aller-retour 4 fois pour trouver un lieu où elle peut faire face en toute intimité à sa période de menstruation dans le camp des déplacés. Bernadette dit avoir hâte de retourner dans sa maison.
« Je quittais l’endroit où je dors jusqu’à chez mon ami à 3 km. De kanyaruchinya pour aller prendre bain à côté de chez le Mwami. Après le bain, il n’est question que de bande hygiénique. Ce que j’ai fait, c’est de plier une moitié du pagne. Et parfois je dois le laver et l’attendre sécher pour le réutiliser. Quand la paix va régner chacun retournera dans sa maison et surtout dans sa chambre où se trouve notre intimité ».
Ces femmes courent un grand danger estime le Dr Blaise Shimwe. Ce spécialiste souligne une possibilité d’infections vaginales.
La menstruation est une question de dignité humaine, soutient la Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral, SOFEPADI, une organisation qui intervient dans l’urgence dans ce domaine. Une femme peut faire l’objet de moqueries, d’exclusion quand elle ne vit pas ses règles en toute dignité. Laetitia Ndeke chargée de communication de la SOFEPADI lance un SOS pour venir en aide à ces femmes déplacées.
Au-delà de toutes ces femmes déplacées gardent l’espoir d’un retour de la paix dans leurs villages afin qu’elles retrouvent une vie normale.