Mentor, enseignant, philosophe et écrivain, Godefroid Kämana est décédé moins de 24h avant le rendez-vous » Muripuko » des artistes slameurs du collectif Goma Slam Session. Le vendredi 16 juillet, ils ont profité de ces échanges artistiques, aux quels plusieurs jeunes gomatraciens ont participé, pour rendre hommage à l’homme que beaucoup d’entre eux considèrent comme un modèle à suivre pour le changement du Congo.
Chaque mois, ces slameurs de la ville touristique nous donnent rendez-vous à leur espace habituel pour décrypter l’actualité à travers les textes poétiques et rythmés. La session de ce vendredi, pourtant consacrée à la dernière éruption du volcan Nyiragongo, a tourné en hommage au Prof Kämana.
La soirée a débuté par l’interprétation du texte » Matanga « , issu de la pièce Kauli, en duo entre Jacinthe Maarifa et Ghislain Kalwira, pour parler du Genocost rendant ainsi hommage à tous les congolais morts dans » le génocide congolais « .
Jacinthe Maarifa a poursuivi avec la lecture du requiem qui a extériorisé la nostalgie qu’a créé la perte du » Baobab » . » Kä Mana, Dernier dieu débout d’Afrique. Kä Mana, ce nom retentissant encore dans le retrait de nos ancêtres. Kä Mana, ce baobab encore mouillant au milieu d’un village aride de sagesse… » commence le requiem avant le strophe d’adieu : » Maître, repose en paix. Puisqu’aux Grands hommes, la patrie est reconnaissante. Demain nous apporterons tes cendres au Panthéon de nos consciences. Là vivent et inspirent des dieux. Notre nostalgie refuse d’oublier. À dieu cher dieu, à bientôt « .
Le poète Bukasa, qui a fondu en larmes, a livré son témoignage avant que les slameurs, en open mic et à tour à tour, partagent la grandeur transmise et l’espoir intarissable de pensées de Kämana.
Ces textes et témoignages de plus d’un pendant cette soirée n’ont pas été sans effet sur les participants. Le regret se faisait remarquer facilement sur les visages de certains d’entre eux, dont les enfants du coins qui se sont joints à l’événement.
Adulé et respecté pour ses analyses pointues et acérées de la politique et la vie sociale congolaise par ses étudiants et disciples, Godefroid Kämana était docteur en philosophie ( Université Libre de Bruxelles ), docteur en théologie ( Université de Strasbourg) et pasteur de l’Église réformée africaine. Il était aussi directeur chargé de recherches de Pole Institute ( Institut Interculturel dans la région de Grands Lacs ) mais aussi enseignant dans plusieurs universités de la RDC et de L’AFRIQUE.
David Kasi