C’est la journée internationale des droits de la femme. Pour l’honorer de sa façon, Globaletudiant est partie à la rencontre de Kerry Gladys, championne de la compétition de slam-poésie dans son pays, le Burundi, en 2020. 22 ans, grâce à cette consécration, « l’amazone », comme elle se fait appeler, a prouvé que le slam reste l’une des disciplines artistiques qui avance à pas de géant sur le continent africain.
Par David Kasi
En aout 2020, alors que son pays est dans la fièvre de la première vague du corona virus, Gladys, avec la profondeur de ses textes et la maîtrise de la scène, s’est adjugée haut les mains et sourire incessant aux lèvres, le premier prix devant ses compères expérimentés comme Stéphane Sabushimike ou encore Liesse Mutoni. « Je suis très émue, c’est la consécration de tous mes efforts. C’est plus qu’un rêve réalisé. Ce sont leurs idées qui triomphent », avait-elle glissé après son sacre dans les propos relayés par nos confrères de jimbere.org.
Retour sur les parcours de la passionnée de la poésie
Kerry Gladys Ntirampeda, de son nom complet, alias « cœur qui rit » est l’ainée d’une fratrie de quatre enfants. Poussée par sa mère, elle se fera inscrite à l’institut français du Burundi ou elle entra en contact avec les bandes dessinées, de romans, de livres de contes africains avant de découvrir le slam. Non avant que le slam l’a découvre, comme elle souligne.
« Déjà le slam, je ne l’ai pas choisi, c’est lui qui m’a choisi. », déclare-t-elle avec gaieté avant d’éclaircir. « J’ai rencontré le slam sur Facebook. Plus concrètement, j’ai publié de postes dans un petit groupe Facebook des poètes et il y a un qui m’a repéré. Il m’a invité à la radio en 2011. Puis par après, il m’a montré le collectif. » . Actuellement, elle fait partie du collectif « Jewe slam », dont elle est co-fondatrice. Ambassadrice de ce collectif, Gladys donne des ateliers dans les écoles, des hôpitaux et maintenant, elle travaille sur son premier roman et son premier album.
Malgré son trophée en titre de la meilleure slammeuse du Burundi, qui a débouché sur des formations avec plusieurs noms du slam africain et de l’Europe, Gladys ne se voit pas encore mieux placée même si le titre lui a « quand même apporté une certaine autonomie mais plus la médaille est belle, plus lourd est le revers. », souligne-t-elle à Globaletudiant. « Je ne suis pas encore arrivée, j’ai encore beaucoup à apprendre. Aussi je n’ai pas le droit de décevoir à tout ce qui croit en moi. »
Elle a été invitée à la septième édition du Festival Amani, en 2020. Au côté de membres du collectif « Goma slam session », elle prestera sur la grande scène de ce rendez-vous annuel de la danse et du chant pour la paix en RDC. « C’était ma plus belle expérience. Je ne sais même pas comment décrire cela. C’était une rencontre pas avec d’autres personnes mais avec moi-même. Cette expérience m’a permis de me reconnecter à ma vraie moi et par ailleurs, j’ai rencontré d’autres bons artistes. », S’est-elle commémorée.
Tirant de l’inspiration de soi-même mais aussi des artistes comme Youssoupha, Gaël Faye, Kerry, qui poursuit ses études en nutrition à l’Université Lumière de Burundi, envoie les messages d’humanité dans ses textes. « Je parle de la femme en particulier et de l’enfant. Je parle aussi de l’amour, rarement mais quelques fois quand même. Je participe dans les campagnes de sensibilisation dont la plus récente est pour les serviettes hygiéniques et puis sur les violences basées sur le genre. Mes textes peuvent apporter le changement car ils touchent directement la mentalité des personnes. » ; Conclue-t-elle notre entretien.
Son sacre en slam poésie au Burundi va amener Gladys à participer à la deuxième édition de la coupe d’Afrique du slam-poésie, qui se tiendra à Addis-Abeba, en Ethiopie, en juillet 2021.